Seuls à la maison avec Verónica : une mise en scène parisienne

« Phantom Ladies Over Paris », l’adaptation anglaise de Céline et Julie vont en bateau (1974), cette comédie psychédélique du cinéaste Jacques Rivette (pionnier de la nouvelle vague française) ancrée dans un Paris magique, a la fonction, tel qu’elle le suggère, de titre fantôme. Un sous-titre sinistre qui caractérise l’histoire hallucinogène à saveur d’Alice au pays des merveilles. Deux femmes dans les rôles principaux de deux films, essentiellement. Un film dans un film. Le réel et l’irréel. Le résultat, tel que décrit par le réalisateur et ses deux actrices vedettes, d’un doux abandon, d’ennui, de l’arrivée soudaine de nouvelle compagnie et du don des curieux pour créer des mondes parallèles dans lesquels nous pouvons plonger et, ultimement, fuir.

Dans un éditorial pour SSENSE, le photographe Benedict Brink et la styliste Eugenie Dalland se sont rendus à Paris, dans le 18e arrondissement – le décor même de Céline et Julie de Rivette – pour voir à quoi ça ressemble, se retirer dans ses pensées pour passer le temps, créer des situations imaginaires et en élaborer les parties. Être un peu fou, un peu paresseux. Laisser la vaisselle s’empiler ou pratiquer nos pirouettes (en dehors, en dedans). Ou être complètement dans la lune, faire le mort sur le plancher.

Que fait-on quand personne ne regarde? Ou plutôt, que fait-on quand on prétend que quelqu’un regarde?