Quattrocento à Pitti Uomo automne-hiver 2018

Chaque année en janvier et en juin, c’est à Florence, au cœur des structures sépulcrales de la Renaissance, qu’a lieu Pitti Uomo – un voyage dans le temps déguisé en foire de la mode masculine. Lors de la dernière édition de janvier, les designers invités de Pitti ont porté la notion de remixage interépoques vers de nouveaux sommets. Les amis Jun Takahashi et Takahiro Miyashita ont présenté des combinaisons spatiales dignes de 2001: L’odyssée de l’espace et des parkas affichant les mots Computer Malfunction (« bogue informatique ») et Human Error (« erreur humaine ») en travers de la poitrine pour Undercover et The Soloist. Dans son premier défilé masculin, 032c, inspiré par le Black Mountain College – ce paradis pour intellos et artistes d’avant-garde des années 50 – a transformé le Palazzo Medici (construit entre 1444 et 1484) en une antichambre multimédia où ont défilé amis, famille et collaborateurs de la marque. Tout autour du bloc, les gens ont fait la file pour assister à cette mise en scène lyrique ponctuée de hooligans chantants, d'équipement de chasse français et de manifestes issus de l'ère numérique. La marque a finalement dû livrer trois représentations pour satisfaire ses adeptes. Pitti a également marqué l'ouverture des Gucci Gardens au Palazzo della Mercanzia (bâti entre 1382 et 1391), une manifestation physique de la mission d'Alessandro Michele consistant à allier luxe, streetwear et esthétique prémoderne. Alors que cette décennie tire à sa fin et que Google Arts & Culture transforme désormais nos selfies en portraits de Michel-Ange, Pitti Uomo nous rappelle qu'il est temps d’envisager la culture en termes de siècles, et non de saisons.

La photographe Hannah Sider nous entraîne en coulisse de l'édition printemps-été 2018 de la foire de mode masculine florentine.