Lisa Marie Fernandez
La nouvelle vague du maillot de bain
- Photographie: Brent Goldsmith
- Texte: Mary Tramdack

« C’est un vêtement qui n’a que des connotations positives », affirme en riant la créatrice de maillots de bain Lisa Marie Fernandez. « Passer du temps autour de la piscine le week-end. Se détendre. Faire la fête. » Elle en sait quelque chose. L’ancienne styliste et rédactrice de mode au magazine Elle a lancé sa marque en 2009 avec une petite collection de maillots de bain en néoprène d’inspiration surf, qui sont depuis devenus sa signature, et évoque ses nombreux séjours sur des plages de Bali à Brighton comme étant la source d’inspiration de ses modèles infiniment polyvalents.
Nous avons photographié quelques-uns de ses maillots tels que nous les percevons: des modèles sport et épurés qui s’agencent parfaitement avec un prêt-à-porter avant-gardiste. Jointe au téléphone depuis Londres, Fernandez nous parle davantage de sa vision du maillot de bain, à la plage comme à la ville.


Mary Tramdack
Lisa Marie Fernandez
Selon vous, qu’est-ce qui définit un bon maillot de bain?
Je crois que c’est avant tout sa coupe – s’il n’est pas bien coupé, ça se voit tout de suite!
Vous créez également des vêtements de sport et du prêt-à-porter. Qu’est-ce qui différencie votre façon d’aborder ces différentes catégories?
On ne fait pas de prêt-à-porter, on parle plutôt de « vêtements de voyage » parce que ce sont des pièces à emporter avec soi en vacances. Un maillot de bain se doit d’être performant, et les vêtements de sport aussi: ils sont essentiellement des maillots avec des manches et des jambes. Le vêtement de vacances est une évolution naturelle. Les filles portent un haut de bikini comme un petit bandeau sous une chemise, une blouse ou un débardeur, et un maillot une pièce comme un body avec des jeans, des shorts en denim ou une jupe. Si vous portez l’un de nos maillots en dehors des endroits habituels, ça n’a rien d’incongru. C’est un vêtement à part entière.
Avez-vous remarqué des similarités entre les tendances du maillot de bain et celles du prêt-à-porter?
On ne réagit pas à ce qui se passe sur les podiums parce que c’est complètement différent. Les matières qu’on utilise sont très différentes de celles du prêt-à-porter, et on met nous-mêmes au point une grande partie de nos méthodes de fabrication. On a quelque chose en tête, puis on développe l’idée avec notre fabricant de textiles.
« J’ai un sixième sens pour la nouveauté. »
Est-ce ainsi que vous avez créé vos maillots en néoprène? Vous avez été l’une des premières à l’utiliser.
On a commencé avec un type de néoprène plus luxueux, pas le néoprène rêche qui sert à fabriquer les combinaisons de plongée. À l’époque, personne d’autre ne s’en servait. On a expérimenté avec les coutures collées, en s’assurant que la matière avait toutes les qualités du néoprène, tout en étant respirable. Le néoprène épouse parfaitement la forme du corps. Il fait un beau décolleté, il amincit, il est extrêmement flatteur. Très James Bond. Il y a tellement de marques qui nous imitent aujourd’hui...c’est incroyable, tous ces imitateurs. [Rires] Mais on fait tellement de choses à présent que le néoprène ne représente qu’une partie de nos produits.
On a utilisé un tissu éponge adapté à la nage. Et aussi un vichy et un crêpe fabriqués en Italie. La plupart de nos méthodes de fabrication ne sont pas utilisées par d’autres marques de maillots de bain. C’est ainsi qu’on peut innover. C’est uniquement en utilisant de nouvelles méthodes de fabrication qu’on peut créer une véritable nouveauté dans le domaine du maillot. Le monde n’a pas besoin d’un énième bikini triangle à fleurs! On s’efforce donc de créer des modèles originaux.
Quelles sont les nouveautés qui vous inspirent le plus en ce moment?
Ce sont mes voyages à travers le monde qui m’inspirent le plus. On retrouve des gens au style très différent que l’on soit sur une plage aux États-Unis, dans le Sud de la France où à Brighton. Ça développe le sens de l’observation. Dans ma carrière précédente, j’étais styliste et rédactrice de mode – cela fait donc un bon moment que j’observe le style des gens qui m’entourent. Et je détecte facilement ce qui est nouveau. J’ai un sixième sens pour la nouveauté.
Quelles sont vos villes préférées pour la mode de plage?
Je voyage presque toute l’année, et je ne sais jamais d’où viendra l’inspiration. Ça pourrait être le Maroc, ou encore Istanbul. Ce qui ne veut pas dire que le résultat aura une allure ethnique. Plusieurs créateurs font référence au passé et à l’histoire, mais il se passe beaucoup de choses intéressantes en ce moment. Et puis aujourd’hui on a Instagram, et on voit tellement de choses à tous les jours sans même réaliser à quel point on assimile des informations.


Le vêtement de sport fait de plus en plus partie de nos garde-robes. Croyez vous que le maillot de bain est la prochaine étape?
La mode s’éloigne actuellement du prêt-à-porter, et le vêtement de sport fait partie de cette progression. Les gens achètent encore du prêt-à-porter, bien entendu, mais moins qu’auparavant. Ils achètent avant tout des expériences – et ils voyagent. Le vêtement de sport, le vêtement de voyage et le maillot de bain font partie de ce processus: on achète un vêtement pour aller faire quelque chose. Autrefois, on vivait dans une ville et on partait en vacances une fois par an. Mais aujourd’hui, on voyage plus que jamais. On a donc besoin de vêtements qui peuvent facilement passer d’un climat et d’une ville à l’autre.
Avez-vous des conseils sur la façon de porter le maillot de bain?
Je crois qu’il faut porter les maillots de bains de manière aussi créative que le prêt-à-porter. Autrefois, le maillot était une catégorie secondaire. Mais c’est un objet qui fait partie intégrante de nos souvenirs de vacances: « j’ai porté ce maillot dans le Sud de la France, j’y ai passé un moment inoubliable. » Le maillot de bain a une valeur sentimentale, parce qu’il rappelle des souvenirs.
Ce qui doit vous rappeler beaucoup de souvenirs, c’est votre impressionnante collection de maillots: j’ai lu que vous en avez plus de 380!
Je les ai dénichés un peu partout dans le monde. D’un Chanel à un maillot à 50$ trouvé au Brésil, je les aime autant les uns que les autres! Les maillots sont faciles à collectionner parce qu’ils prennent peu de place. Je n’ai pas besoin de dédier une pièce entière à ma collection!
- Photographie: Brent Goldsmith
- Texte: Mary Tramdack
- Stylisme: Sasha Wells