Un guide pour le futur et nouveaux produits de l’automne

Woodstock 99

On ne se remémore pas Woodstock 99 avec la même nostalgie que son édition originale. 1969 était l’été de l’amour, tandis que 1999 était l’été des tribus de centre commercial: gothiques, grunge et métalleux se mélangeaient librement. La jeunesse commençait alors à adopter une sorte de polygamie numérique, où l’on pouvait mélanger les sous-cultures sans souscrire à un mouvement en particulier. On retrouve un écho de cette époque dans les looks hybridés et remixés des podiums contemporains. La tendance est à la coexistence.

Dans le cou

Le col roulé ne connaît pas les limites. Tandis que la plupart des pulls s’arrêtent à la clavicule, le col roulé poursuit son ascension avec l’assurance d’un James Bond. « Arrête-moi si tu peux », dit-il alors qu’il part à l’assaut des idées reçues. Voilà pourquoi il est le pull des superhéros et des futuristes.

À la main

Quand le tisserand lyonnais Joseph Marie Jacquard a mis au point le premier métier « jacquard » en 1801, il a démontré sa capacité à exécuter des motifs complexes en tissant la plus intime des images: son propre portrait. Deux siècles plus tard, nous sommes habitués à la production de masse, et pourtant plus sensibles que jamais aux irrégularités du travail artisanal. Ce désir n’est pas anti-moderne; c’est une question de liberté et d’intimité. Touchons et soyons touchés.

Quitter la matrice

Alors que nous nous rapprochons de plus en plus d’une existence entièrement virtuelle, nos propres corps deviennent un domaine plus transgressif et excitant que jamais. Le monde du bondage et du BDSM prête un érotisme dangereux à la nouvelle génération de mode cyberpunk. La chair ne paraît jamais plus charnelle que lorsqu’on la juxtapose au cuir noir, aux fermetures éclair et aux plastiques translucides. Le futur est sensuel.

Cyber-randonnée

Les transports en commun sont parfois pénibles, c’est pourquoi il est important de devenir son propre véhicule tout-terrain. Les baskets montantes Qasa Boot de Y-3 répondent à ce besoin de polyvalence avec une chaussure qui évoque les romans de William Gibson et le parkour. Cette année, nos déplacements quotidiens deviennent une cyber-randonnée.

Preppy radical

Dans le Japon des années 60, la tribu de Miyuki était une bande de jeunes tirés à quatre épingles qui fréquentait les rues de Ginza. Étiquetés comme des délinquants par le gouvernement et chassés des rues de Tokyo avant les Jeux olympiques de 1964, leur style nous montre que le preppy et le punk ne sont pas antinomiques. Un code vestimentaire façon country club est une bonne façon de masquer son côté anarchiste. Et on peut quand même s’attirer bien des ennuis en teddy et en mocassins.

Prêt pour l’apocalypse

L’apocalypse n’est pas forcément catastrophique. En fait, la vie dans une ère de bouleversements nous permet d’imaginer les besoins et le potentiel d’un Nouveau Monde. Alors que nous prévoyons l’imprévisible, nous découvrons le plaisir de posséder le strict minimum: des coupes militaires épurées, des produits ultra-durables. Nous avançons vers un avenir incertain le cœur léger.

Le tao du t-shirt blanc

Quand le musicien John Cage a découvert la série de monochromes blancs de Robert Rauschenberg dans les années 50, il a déclaré qu’ils ressemblaient à des « pistes d’atterrissage pour les particules de poussière ». Cette anecdote des débuts du minimalisme – tout comme l’incontournable t-shirt blanc – nous rappelle que la blancheur n’équivaut pas au vide, mais contient plutôt une infinité de possibles. Laissez votre t-shirt blanc servir de toile vierge pour le monde dans lequel il évolue.

Flamme intérieure

Qu’est-ce que la chaleur? C’est notre température corporelle conservée par des matières de pointe, mais c’est aussi la joie qui rayonne de ce même corps. La chaleur est sociale, spirituelle et primitive. La protection contre les éléments est un besoin aussi ancien que l’histoire de l’humanité. En fait, c’est l’histoire de l’humanité même.

Jeans

On se représente souvent le jean déchiré comme un artéfact des années 90, mais ce style remonte en fait aux années 1490. Il y a 500 ans, les dandies européens se targuaient de leur noblesse et de leur talent de maniement de l’épée en tailladant leurs vêtements de soie. Un penchant pour la destruction est la forme ultime de sex-appeal. Et ce goût de la provocation perdure dans le denim d’aujourd’hui.

Voir large

À une époque où nos frontières deviennent de plus en plus controversées, et que la fluidité est une denrée rare, le pantalon large fait fi des restrictions. Liberté de mouvement, volumes amples, aucune entrave. La patte d’éléphant n’a jamais été plus utopique – et plus nécessaire.

Du gym au bureau à domicile

La prolifération de pantalons de survêtement dans la grammaire stylistique masculine prouve que la notion d’« équilibre travail-vie privée » est devenue désuète. Le chemin entre la salle de sport et le bureau à domicile est semé d’embûches, d’efforts et de plaisirs. C’est un lieu où la discipline et les loisirs convergent pour laisser libre cours à la créativité. Assurons-nous d’être habillés pour l’occasion.

Jardin d’hiver

Dans la grisaille glaciale des villes, nos corps se retrouvent souvent emmitouflés sous nos manteaux et nos sexualités prisonnières d’écrans LCD. C’est pourquoi les architectes ont inventé le jardin d’hiver, qui nous connecte toute l’année au romantisme exubérant de spécimens exotiques en pleine floraison. Revêtez-vous de cette sensualité avec une profusion d’imprimés floraux. À l’approche des mois d’hiver, il est important d’être en harmonie avec son instinct naturel.

La révolution du portefeuille

Dans un monde où nous réglons beaucoup de nos achats avec nos téléphones, le portefeuille a été libéré pour laisser place au romantisme. On peut maintenant envisager un élégant porte-billets – comme celui de Thom Browne, paré de ses emblématiques bandes tricolores – comme un classeur portatif pour nos effets personnels. On peut y ranger la photo d’un amant, ou des lettres à notre moi futur.

Poids plume

Des trottoirs aux cimes enneigées, l’attrait universel de la veste en duvet repose sur ses propriétés quasi magiques. Elle est légère, mais irrésistiblement chaude. Elle crée une silhouette masculine et imposante, mais a aussi un côté douillet. Mais par-dessus tout, quand on la zippe, on a l’impression d’être blotti sous sa couette où que l’on se trouve.