Manteaux divers

Découvrez les origines de modèles classiques

  • Photographie: Brent Goldsmith

La mode est essentiellement une progression de références à des événements culturels, des personnages historiques et des idées politiques. Pour tous ses acteurs, qu’ils soient clients ou critiques, il est passionnant de retracer les influences d’un vêtement. D’où vient-il, qu’est-ce qu’il l’a inspiré, et dans quel contexte a-t-il été conçu ?

Dans le prêt-à-porter masculin, on met souvent l’accent sur la fonctionnalité et les détails utilitaires – et qui partage ces préoccupations plus que l’armée? L’univers militaire inspire depuis longtemps la mode. Ce n’est pas qu’une multiplicité de poches et de zips ou différents motifs camouflage qui font l’attrait des vêtements de l’armée, mais aussi une fascination de longue date pour ce qu’ils représentent. Faisons abstraction de la violence du combat : c’est plutôt l’aura de pouvoir qui émane de l’uniforme qui intéresse les créateurs. Structure, rigueur et fonction sont des mots-clés autant à l’armée que sur les podiums de Paris ou de Milan.

Depuis qu’on part à la guerre, l’uniforme est nécessaire. Pour distinguer les alliés des ennemis, certes, mais aussi parce qu’il crée un sentiment d’appartenance. On fait partie d’un club, d’une équipe. Les insignes témoignent d’actes de bravoure et d’épreuves surmontées au sein d’une unité. En revenant à la vie civile, les soldats démobilisés après la Seconde Guerre rapportèrent les uniformes auxquels ils s’étaient attachés, maintenant chargés de sens. Les combattants avaient partagé de bonnes et de mauvaises expériences – et leurs uniformes, déconstruits et transformés pour s’adapter à la vie de tous les jours, en étaient les témoins.

Même si les manteaux présentés ici n’ont pas été empruntés à des soldats et à des caporaux, les créateurs d’aujourd’hui s’inspirent des détails des uniformes militaires. Il existe des versions contemporaines de vestes de combat portées dans les années 40, de manteaux en laine des années 50, de blousons d’aviateur des années 60 et de parkas des années 70. Leur caractère intemporel vient précisément de leur raison d’être: les soldats, où qu’ils combattent, ont besoin de vêtements fonctionnels et polyvalents qui durent et répondent à leurs besoins. Quant à un homme qui cherche à se procurer un nouveau manteau d’hiver, il sera naturellement attiré par un modèle qui incarne 70 années de développement textile et de design innovant.

On peut considérer un manteau de qualité coupé dans une matière luxueuse comme le summum du design, particulièrement chez les hommes: une telle emphase sur la coupe et la silhouette n’est possible nulle part ailleurs dans le vestiaire masculin. Amples ou près du corps, les manteaux ne passent pas inaperçus. On les enlève en entrant, mais jusque là, ils sont la pièce de résistance d’une tenue.

D’une saison à l’autre, il y a inévitablement quelques fluctuations dans les tendances: couleurs, longueurs, matières, motifs. Toutefois, la plupart des marques privilégient quelques modèles incontournables, qui sont indémodables parce qu’ils ne doivent pas leur existence à la mode. Cabans, blousons aviateur, manteaux longs à double boutonnage et vestes de combat, pour n’en nommer que quelques-uns, sont des essentiels de l’habillement masculin. Même s’ils font l’objet de légères révisions selon les tendances du moment, leur identité reste intacte.

L’Automne-Hiver 2015 ne fait que renforcer la leçon de style apprise des modèles militaires classiques: on ne change pas une équipe qui gagne. Des marques comme Alexander McQueen, Alexander Wang, Saint Laurent et Costume National, tout comme des créateurs plus conceptuels comme Junya Watanabe, Haider Ackermann et Maison Margiela, ont tous adopté ce mot d’ordre.

La caractère utilitaire et la flexibilité du vestiaire masculin contemporain permet de vaquer à ses occupations quotidiennes sans douter de la qualité de son manteau. Avec l’historique de ces modèles, vous êtes entre de bonnes mains. Les meilleurs d’entre eux résisteront non seulement aux grands vents, à la pluie battante et aux températures glaciales, mais aussi aux caprices des tendances.

  • Photographie: Brent Goldsmith