Le costume moderne avec Molly Bair

Comment agencer baskets et deux-pièces

  • Photographie: Felix Leblhuber

Les notions de pouvoir qu’on associait au complet sont choses du passé. Le PDG d’aujourd’hui ne porte plus le trois-pièces sur mesure, il embrasse l’athleisure. La célèbre photo de Peter Lindbergh, avec Linda Evangelista, Christy Turlington et Naomi Campbell vêtues de costumes assortis orange, bleu et noir sur une rue pavée de Brooklyn; la mannequin Giedre Dukauskaite dans l’un de ses blazers surdimensionnés distinctifs, d’un style habilement décontracté; la toile «Chartreuse Suit» de la peintre Ivy Haldeman, où sont représentés deux ensembles jupe-et-veste sans corps, harmonieusement pliés au coude: toutes ces images défient le code conformiste du costume. Si on s’y attarde, au fond, il n’est que la somme de ses parties – blazer, chemise à boutons, cravate, pantalon à plis, ceinture. Cette combinaison peut avoir plusieurs sens... stature et richesse, joie, deuil, une volonté de se conformer, un désir de se révolter. En s’appropriant ce qui était autrefois associé à l’élite, on revendique aussi une forme de pouvoir. Frida Kahlo, après tout, s’est peinte habillée de l’un des complets de Diego Rivera l’année de leur divorce, une façon de réclamer la force qu’il incarnait.

Dans son dernier éditorial pour SSENSE, le photographe Felix Leblhuber, la styliste Stella Deopito et la mannequin Molly Bair nous apprennent à décomposer le costume. Marié à une paire de baskets, à un col roulé ou encore à un blazer doté d’une ceinture à la taille, le costume fort, en 2018, est tout ce que vous voulez qu’il soit.

  • Photographie: Felix Leblhuber
  • Stylisme: Stella Deopito
  • Modèle: Molly Bair / The Society Management