Abrégé d’histoire du style dans le sport

Victoires de la mode sur le terrain, de Mike Tyson à Billie Jean King, selon cinq rédacteurs.

  • Texte: Nathaniel Freidman, Calum Gordon, Christopher Isenberg, Molly Lambert, Kate Perkins
  • Illustration: Camille Leblanc-Murray

SSENSE et Victory Journal font équipe le temps d’un dossier spécial sur le style et le sport.

Parfois, ce sont les moments les plus anodins qui ont le plus grand retentissement culturel. Des scènes inattendues s’impriment dans notre cortex, puis, des années plus tard, refont surface totalement à l’improviste. Le panier vainqueur de Michael Jordan, si légendaire qu’on l’appelle simplement – «The Shot» – et le maillot rouge des Bulls, qui a uni à jamais son nom au numéro 23. La révolution des chaussettes noires portées avec short ample, lancée par The Fab Five dans les années 1990, fait quant à elle partie intégrante tant de la culture que du sport aujourd’hui. FloJo, la femme la plus rapide au monde, est aussi célèbre à cause de ses ensembles de survêtement à une jambe et de ses longs ongles vernis (le look, d’ailleurs, que Beyonce a repris pour son déguisement d’Halloween l’an dernier) qu’en raison de ses records de vitesse au 100 mètres. Certains moments de l’histoire du sport s’impriment dans l’imaginaire culturel et souvent, de façons franchement imprévisibles, ils influencent notre manière de nous vêtir, d’agir et d’être. Cinq rédacteurs se prononcent sur une tranche d’histoire du sport qui, à leurs yeux, a marqué la mode.

Les lunettes de Billie Jean King

Il existe, dans l’histoire du sport, un club canonique d’athlètes qui ont invité l’altérité sur ce terrain de jeu qu’on prétend neutre. Avec le match de tennis légendaire «la bataille des sexes» qu’elle a disputé contre Bobby Machin-Truc, Billie Jean King est la reine incontestée de ce prestigieux club. À l’époque, sa tenue avait fait l’objet d’une spéculation inédite. Sujet de mystère et d’intrigue, l’habillement de King avait été confié à Ted Tinling, designer londonien, qui avait pris l’avion jusqu’à New York avec deux créations. La première, extravagante, toute en paillettes, était pensée pour faire sensation, mais elle ne convenait pas aux besoins physiques de l’athlète. Consciente qu’elle n’arriverait pas à en faire abstraction sur le court, King l’a refusée. À la hâte, Tinling a donc ajouté juste assez de bling à l’autre tenue – plus fonctionnelle – pour qu’elle soit à la hauteur de l’événement.

Malgré l’émoi suscité par la robe, rares sont ceux et celles qui se rappellent ce que King portait à ce match décisif pour sa carrière et son sport. Par contre, ce que les adeptes de tennis même les plus distraits savent – ou peuvent deviner sans effort – c’est que King portait ses lunettes.

Le tennis se distingue des autres sports professionnels en ce qu’il a toujours toléré une utilisation chic des accessoires. Le bracelet tennis, un classique qui transcende le sport, mêle avec délicatesse or et diamants. Chez les pros, tant les hommes que les femmes portent de fines chaînes, des bracelets, des boucles d’oreilles, discrètes ou imposantes. Ce qui brille, pendille, se balance, glisse ou rebondit tandis que le joueur s’élance et retourne une balle dans un angle invraisemblable est monnaie courante dans le sport.

Le tennis est issu des classes oisives d’autrefois. C’est ce que rappellent, intentionnellement ou non, les accessoires des joueurs, subtils ou flamboyants. En évoquant le country-club, ils remontent aux origines du sport, et ce, malgré que les codes vestimentaires aient évolué depuis et avec eux, les codes sociaux. Rien de tel n’existe dans aucune autre ligue professionnelle, car même quand il ne s’agit pas de sports de contact, les mouvements exigés des athlètes rendent les accessoires dangereux. Au basketball, une chaînette qui se brise et qui tombe sur le terrain pourrait provoquer une chute fatale. Une boucle d’oreille, un bracelet, une montre qui s’accroche à un bâton, à un filet ou à un maillot pourrait causer un désastre. Quant aux lunettes... elles sont faites de verre. C’est d’ailleurs pourquoi on fabrique maintenant des lunettes de protection sport.

Ironiquement, de toutes les choses atypiques à propos de la présence de Billie Jean King sur le court ce jour-là et de sa retentissante victoire – de son sexe à sa tenue tape-à-l’œil sur mesure –, ses lunettes, rondes et fragiles avec leur monture en métal, étaient pourtant ce qu’il y avait de moins remarquable. Elles n’en sont pas moins devenues sa signature, l’empreinte d’une icône sur le sport et l’histoire des États-Unis. Les lunettes de King ont recadré la perspective sur le tennis plus qu’une robe n’aurait pu le faire. Quelqu’un était en train de changer le cours des choses, voilà ce qu’elles annonçaient à la face du monde. Délicates, en équilibre, modestes, pratiques, intelligentes et hyper focalisées. King elle-même.

Si ces lunettes en sont venues à symboliser King, c’est également à cause de ce qu’elles n’étaient pas. Elles sont inattendues. Elles n’entrent pas dans la catégorie «équipement sportif». Mais elles sont nécessaires au jeu, pour King, et témoignent de sa vision du monde. À vrai dire, elles représentent sa façon d’être, une altérité qui ne cherche pas à être acceptée parce que c’est permis, mais qui entend être respectée parce que c’est l’évidence.

Faire voir au public le monde comme elle le voit n’est historique qu’en rétrospective. Sur le coup, c’est visionnaire.

Kate Perkins est rédactrice en chef adjointe du Victory Journal.

En vedette dans cette image : t-shirt Helmut Lang, t-shirt GmbH et pull Giorgio Armani.

Les yeezy 500 de PJ Tucker

Fana fini de baskets, PJ Tucker enfile régulièrement des baskets rares, précieuses et tape-à-l’oeil, littéralement faites pour attirer l’attention, pour être convoitées. Tucker est un faiseur de tendances, mais il est aussi et avant tout un fin connaisseur et, pour ceux qui partagent son dada, un pair. Tucker participe avec enthousiasme à la culture des sneakers, comme s’il était un collectionneur ordinaire, à ce détail près que son budget n’a pas de limite et qu’il bénéficie des passe-droits réservés aux gens riches et célèbres.

En juillet 2017, l’ailier de 34 ans signe un contrat de 32 millions de dollars sur quatre ans avec les Rockets de Houston. Le contrat, modeste pour la NBA, est en quelque sorte le gros lot qui a jusque-là échappé à Tucker, enfin de retour au sein de la NBA après avoir passé cinq ans outremer, c’est-à-dire au purgatoire. Savoir se rendre utile est un talent méritoire et Tucker – défenseur têtu et honnête lanceur capable, à 6 pieds 5, de capter plus que sa part de rebonds – encaisse à cause de cette qualité.

C’est sans tambour ni trompette que Tucker fait son arrivée sur le marché au terme de la saison 2016-2017. Normal. Les joueurs comme lui, en plus d’être sous-estimés, passent généralement inaperçus. Mais aujourd’hui, les choses ont changé, et Tucker attire beaucoup d’attention en tant qu’agent libre d’une autre espèce. Au moment d’écrire cet article, notre homme est un sneaker-free agent, c’est-à-dire que point de vue chaussures, il n’a de comptes à rendre à personne. Il n’est lié par aucune relation fixe ni aucun contrat publicitaire avec une grande marque. La plupart des joueurs de la NBA ont une allégeance quelconque, en matière de baskets, mais le statut d’un joueur moyen comme Tucker n’est théoriquement pas digne de mention. Sauf qu’en pratique, dans l’écosystème de la ligue, ce que Tucker a aux pieds a pas mal d’importance.

Qu’un joueur tienne à ce que ses baskets fassent sensation, ce n’est pas exceptionnel. Chaque année, religieusement, Nike produit à la chaîne des dizaines de palettes de couleurs pour ses silhouettes phares. En général, que ce soit LeBron James ou Kevin Durant, l’égérie de la marque participe activement à la conception des différents looks signatures. Mais la tendance de Tucker à en mettre plein la vue est pratiquement une fin en soi. Ne reculant devant rien, il enfile parfois des antiquités – des Air Jordan 1, par exemple, tout droit sorties de l’âge de pierre. Un de ses hauts faits: il a inauguré les Cactus Jack Jordan IV de Travis Scott, en 2018. Point de vue performance, ces baskets ne l’avantagent pas le moins du monde.

Tucker, avec son statut d’agent libre, ne manque pas d’options. Durant la présaison, il a porté les Gerald Green PE de Reebok (baskets montantes) et, mystère entre les mystères, une paire de Yeezy 500 d’adidas…des baskets tout-aller. Comme on l’a déjà vu avec des Air Yeezy aux pieds, ce n’était pas exactement sans précédent, mais affirmer tacitement que l’esthétique peut l’emporter sur la technologie, voilà une audace pleine de potentiel pour Tucker. Espérons qu’il continue à prendre des risques.

Nathaniel Friedman vit à Portland, en Oregon. Il est l’auteur de deux livres et il écrit pour le Victory Journal.

Le maillot que Johan Cruyff a porté à la Coupe du monde

Au foot, les matchs nuls sont rarement palpitants. Ils mettent en scène, bien souvent, d’épuisantes luttes tactiques entre deux adversaires trop bien assortis et passent immédiatement aux oubliettes de l’histoire. En 1974, en pleine Coupe du monde, pour les 53 700 personnes venues voir le match entre les Pays-Bas et la Suède au Westfalenstadion, à Dortmund, en Allemagne, se faire servir un tel pétard mouillé aurait pu être un moment à effacer au plus vite. Si ce n’avait pas été d’un des joueurs.

À la 24e minute, une passe est envoyée à l’ailier gauche de l’équipe néerlandaise en direction du numéro 14, l’impétueux Johan Cruyff. Jan Olsson, défenseur suédois, s’élance pour bloquer le capitaine des Pays-Bas, qui, étrangement, semble perdre le contrôle de la passe. Cruyff, faisant mine de protéger le ballon, tourne le dos à Olsson et jette un coup d’œil par-dessus son épaule. Puis, en un instant, il pivote, récupère le ballon derrière sa jambe d’appui et détale vers le but. C’est un moment de grâce, le sport à son plus élégant, à son plus excitant. Ce pivot, aujourd’hui encore, porte le nom de Cruyff.

Cruyff est sacré meilleur joueur de la Coupe du monde cette année-là, et meilleur joueur d’Europe de la saison. À l’époque, son habileté et sa prestance n’ont d’égales que son insouciance. Il fume vingt cigarettes par jour – il n’est même pas rare qu’il en grille une dans les vestiaires à la mi-temps. Quand il déjoue les défenseurs, ceux-ci entendent le cliquetis des deux chaînes qu’il porte au cou: une chaîne fine, en or, et une autre, plus massive. Bien des entraîneurs auraient réprimandé leur joueur pour ce genre d’excès, mais pour Cruyff, on fait une exception. Il n’est pas seulement le meilleur joueur de foot de la planète. C’est un esthète d’une trempe extraordinaire, qui donne l’impression, sur le terrain, de ne pas faire d’effort.

Rien n’illustre mieux les dispenses accordées à Cruyff que cette Coupe du monde, où le capitaine des Néerlandais foule le terrain avec un maillot différent de celui de ses coéquipiers. Le haut et le bas de l’uniforme oranje des dix autres joueurs portent les trois bandes distinctives – die drei steifen – d’adidas. Pas ceux de Cruyff, qui comptent seulement deux bandes, résultat d’une dérogation spéciale qui lui a été concédée à cause de sa loyauté à Puma, son commanditaire.

Les chicanes de famille se retrouvent rarement au programme d’événements de cette envergure. Cette année-là, par contre, une querelle entre frères qui couve depuis cinquante ans dans la ville sans histoire de Herzogenaurach, en Allemagne, sert de toile de fond à l’inauguration du maillot personnalisé de Cruyff. Tout commence en 1924, quand Adolf et Rudolf fondent la fabrique de chaussures des frères Dassler, qui propose des chaussures à crampons aux coureurs. En 1948, à la suite d’une séparation acrimonieuse, Rudi crée sa propre marque de vêtements de sport, Puma. De son côté, Adi rebaptise l’entreprise familiale «adidas», combinaison de son surnom et de son nom de famille. Une rivalité féroce et tenace vient de naître, qui se poursuit jusque dans la mort. Les frères sont enterrés à des côtés opposés du même cimetière.

En 2014, pour souligner l’anniversaire du célèbre ensemble à bande double, la marque éponyme de Cruyff commercialise une réplique. Du tac au tac, les avocats d’adidas ripostent à l’affront par une mise en demeure. L’ancien numéro 14 ne plie pas. C’est dans sa chronique pour le périodique néerlandais De Telegraaf qu’il publie, frondeur comme toujours, sa réponse: «Ces deux bandes m’appartiennent».

Calum Gordon est rédacteur mode à Berlin. Il a co-écrit Contemporary Menswear. On peut également le lire dans Dazed, 032c et Kaleidoscope.

En vedette dans cette image : baskets adidas Originals.

Le maillot des Dolphins de Dan Merino

Je n’ai jamais vraiment été fan de sport, encore moins de football américain, et je deviens suspicieuse dès qu’il est question d’uniforme, mais j’ai un maillot de football favori. Celui de Dan Marino, des Dolphins de Miami.

Si les comédies romantiques m’ont appris une chose, c’est que quand tu passes la nuit chez un mec, il devrait au minimum te laisser porter son maillot de sport comme pyjama. Ça ne m’est jamais arrivé dans la vraie vie, je l’avoue. Je suis tombée en amour avec les couleurs des Dolphins parce que pour moi, elles incarnent l’esprit de Miami: turquoise pastel et orange corail, comme un coucher de soleil sur l’océan. La plupart des équipes sportives portent des couleurs primaires ou extra conservatrices. Je déteste avec passion le brun et le gris quand ils prétendent au raffinement. J’imagine donc que j’ai remarqué l’uniforme des Dolphins quand Dan Marino était au sommet de sa gloire et que tout le monde portait son maillot. Il faut dire que l’agencement des couleurs a quelque chose de féminin, et laisse même rêver à un monde où les athlètes seraient vêtus en rose bonbon ou en vert menthe plutôt qu’en brun militaire et orange ou, façon fasciste, en rouge et noir.

J’ai longtemps voulu porter un maillot de sport. Le tissu aéré me fascine : il brille, et a l’air tellement douillet. J’étais vraiment emballée quand un des personnages principaux de Pain & Gain, de Michael Bay, a porté le maillot de Marino du début à la fin du film. Ça se passait à Miami, d’ailleurs, dans les années 1990. En fin de compte, je n’ai jamais osé porter ce maillot et au fil du temps, j’ai perdu tout désir de m’associer à une équipe sportive, mais j’ai quand même mis la main, récemment, sur une paire de Nike Air Max, justement parce que sa palette néon et pastel me rappelle les couleurs des Dolphins. J’ai acheté un 5, pointure garçon. Le corail est plutôt rose, le turquoise tire sur le vert plus que sur le bleu, mais mon inspiration, elle, ne fait pas de doute.

Molly Lambert est rédactrice. Elle est née à Los Angeles et y vit.

Le short de Mike Tyson

Ce que portent un boxeur et son équipe est à mi-chemin entre le théâtral et l’officiel, entre le costume de lutteur et l’uniforme d’équipe. Exception faite des gants – dont la marque, les caractéristiques et le poids sont habituellement précisés au contrat –, les possibilités, contrairement au budget, sont illimitées. Le style s’exprime dans le choix du peignoir, de l’uniforme des soigneurs (satin ou autre), du protège-dents, des chaussures, des bas et, par-dessus tout, du short. Après les présentations, quand il retire son peignoir ou son haut, le boxeur se retrouve fin seul, existentiellement et stylistiquement. Le short s’adresse alors au public qui assiste au combat sur place ou de la maison, à l’adversaire et au boxeur lui-même. Ce qu’il évoque, c’est une combinaison improbable d’élégance fière et de mauvaises intentions.

C’est ce que Mike Tyson dégage mieux que quiconque. À 20 ans, alors qu’il s’apprête à affronter Trevor Berbick pour son premier titre chez les poids lourds, il s’avance vers le ring dans un poncho improvisé, sa tête sortant d’une fente pratiquée dans une serviette blanche. Les cheveux courts, dégradés à la peau, une courte raie au rasoir à gauche, l’ombre d’un goatee. Son sens du style transpire une assurance guerrière et l’envers de la peur – à moins que ce soit le poids d’une peur si extrême qu’elle doivent être immédiatement anéantie. Au jet de l’éponge, sa prestance est impeccable: ses chaussures en cuir noires arrivent à mi-hauteur, il ne porte pas de chaussettes, son short noir Everlast est orné de deux badges – à gauche, un badge triangulaire donnant à lire «Go America» et à droite, un écusson aux couleurs du drapeau américain affichant «USA». D’Apollo Creed à Don Frye, de la boxe à la lutte à la MMA, honorer le drapeau est une manière éprouvée de montrer qu’au fond, on est un bon garçon. Or, ici, les petits éclats de rouge, de blanc et de bleu contre le noir absolu du short de Tyson, n’évoquent rien d’angélique. Au contraire.

Sa mise trahit par ailleurs le raffinement de ses influences. Pour le short et les chaussures, Tyson s’inspire de boxeurs qu’il étudie obsessivement sur pellicule, chez son entraîneur Cus D’Amato, à savoir Jack Dempsey, Battling Nelson, Sugar Ray Robinson, Panama Al Brown. Son short s’arrête à mi-cuisse. Il est aussi ajusté que raisonnablement possible, compte tenu de la coquille de protection qu’il porte en dessous. De chaque côté, l’ourlet est fendu de manière à donner aux quadriceps massifs du boxeur la liberté de mouvement nécessaire. Alors que Tyson et Berbick se font face, le short de Tyson, plus court, paraît allonger ses jambes et montre explicitement d’où vient la puissance de son punch... le punch qui, quelques instants plus tard, envoie Berbick valser sur un air macabre.

Tyson porte ce short quand il se mesure à Holmes. Dans l’assistance, muet et enflé, Ali est là, assurant la filiation avec ce passé que vénère Tyson, qui envoie Holmes au tapis quatre fois au quatrième round. C’est encore ce qu’il porte en 1988 pour l’unification, à Atlantic City. Devant la foule – où se trouvent entre autres Madonna, Sean Penn, Trump et Marla Maples –, il fait son entrée sur fond de bruits industriels menaçants et terrasse un Michael Spinks tremblant en 88 secondes. Ce short voyage ensuite au Japon, où Buster Douglas, donné perdant à 42 contre 1, assomme Tyson. Pris de court, ses soigneurs se servent d’un condom rempli d’eau glacée pour réduire l’enflure sous l’œil de leur protégé. Le célèbre short refait son apparition à chacune des défaites de Tyson contre Holyfield, y compris celle où il arrache à son adversaire un morceau d’oreille avec ses dents. Au fil des combats, en dehors du ring, l’image de Tyson se transforme: de l’homme le plus mauvais de la planète, au champion qui s’endort sur ses lauriers, au monstre, au fou furieux, au boxeur fini qui se vend à la carte. Malgré son ubiquité, le short de Tyson incarne envers et contre tout ce que le boxeur était à l’origine: de la force brute, de l’invincibilité et de très, très mauvaises intentions.

Christopher Isenberg est co-fondateur du Victory et du studio créatif Doubleday & Cartwright. Il est écrivain, réalisateur et entrepreneur.

  • Texte: Nathaniel Freidman, Calum Gordon, Christopher Isenberg, Molly Lambert, Kate Perkins
  • Illustration: Camille Leblanc-Murray
  • Collaborateurs: Victory Journal / Aaron Amaro, Chris Isenberg, Kate Perkins, Nathaniel Friedman Shane Lyons, Tim Young
  • Traduction: Isabelle Lamarre
  • Date: 13 novembre 2019