La sélection littéraire de Ross Scarano
Sensibilités littéraires: Colson Whitehead, Ellen Willis et David Wojnarowicz
- Texte: Ross Scarano
- Photographie: Othello Grey

Quelques questions. Quel est ton genre de livre? En tant que lecteur, es-tu attiré par une prose édifiante, émouvante, pénétrante ou motivante? Une écriture qui te montre la voie? Est-ce que tes habitudes de lecture sont liées aux événements du quotidien—si oui, préfères-tu te questionner à leur sujet, essayer de mieux les comprendre ou de leur résister? Est-ce que les livres à demi lus se succèdent sur ta table de chevet? Comment la voix d’un auteur t’influence-t-elle, à supposer que tu lui accordes ce pouvoir? La manière insidieuse qu’un livre a d’arrêter le temps et de s’immiscer dans ton monde ou au contraire, de t’en sortir—voilà deux castings opposés entre lesquels trancher. Ton plaisir ultime en tant que lecteur est-il de remettre en cause tes connaissances ?
Auteur et rédacteur (d’abord chez Complex, puis Billboard où il est actuellement), Ross Scarano partage ici une courte liste de livres qui ont complexifié et enrichi sa vie de manière significative, d’œuvres qui l’ont fait se remettre en question en tant qu’auteur ou l’ont provoqué en tant que critique musical.

Le modèle porte pull à capuche Rick Owens Drkshdw, bague Yohji Yamamoto et Rick Owens.
The Art of Cruelty de Maggie Nelson
L’enfer se renouvelle tous les jours. Matin, après-midi et soir, nous sommes invités à contempler des horreurs, lorsque nous sommes chanceux ; le plus souvent, la violence survient sans avertir ni demander notre consentement. Elle relève de l’actualité. À cet égard, le monde de l’art possède des outils qui lui sont propres: la croyance suivant laquelle le public doit être choqué afin de mieux appréhender la réalité est ainsi répandue depuis longtemps parmi les artistes et critiques. Qu’y a-t-il à gagner à encaisser ces coups? Qu’y a-t-il à apprendre à les éviter?
Voilà quelques-unes des considérations principales de The Art of Cruelty de Maggie Nelson, un essai de critique d’art aux proportions livresques. Au cours des dernières années, Nelson est devenue l’une des favorites des lecteurs de ce type d’ouvrages. (Bluets_, sa singulière réflexion sur l’amour et la couleur bleue fait souvent office de point d’entrée dans ses œuvres.) L’auteure est désormais assez aimée du public pour subir les contrecoups de sa popularité— The Argonauts, mémoires retraçant ses expériences queer en tant que partenaire et parent, est parfois ciblé ; certains se plaignent que Nelson ne serait pas véritablement radicale; qu’en dépit de l’attention qu’elle accorde aux détails, elle ferait montre des mêmes fâcheux angles morts que tant de ses contemporains blancs.
Au beau milieu de ce débat, il y a The Art of Cruelty, un livre que je trouve tout aussi remarquable que Bluets en raison de son intérêt, de l’appétit multidisciplinaire et du point de vue à la première personne qui y sont exprimés. Il est à l’image de la sensibilité de Nelson, les idiosyncrasies et contradictions qui s’y trouvent n’étant jamais que les siennes. À titre de jeune critique lisant Nelson pour la première fois, il s’est avéré particulièrement libérateur de contempler un travail si fluide, aux références multiples allant de Kara Walker à Sylvia Plath, de Nao Bustamente à Karen Finley. Il s’agit de mon modèle d’ouvrage préféré—le genre qui, bien qu’il soit inimitable, donne néanmoins envie au lecteur d’en imaginer sa propre version.

Le modèle porte pull à capuche Noah, pantalon Carhartt Work In Progress et chapeau Gucci.

Le modèle porte pull à capuche Noah et chapeau Gucci.
The Savage Detectives de Roberto Bolaño
La réalité, c’est que la littérature est aussi significative et convaincante qu’elle n’est profondément inutile et ésotérique. Roberto Bolaño était décidément du même avis; ce paradoxe aux allures de ballon dégonflé est au cœur du triste roman The Savage Detectives, dont la traduction anglaise parue en avril 2007— l’édition originale en espagnol datait de 1998— a inauguré le culte de l’expatrié chilien au visage émacié dans le champ littéraire. À ce moment-là, l’auteur était décédé depuis déjà presque quatre ans.
S’il existe un roman plus drôle, ambitieux et désolant décrivant comment les circonstances de la vie peuvent nous retirer notre confiance en le pouvoir de l’art, je ne l’ai pas encore lu. Le roman ne donne toutefois pas d’emblée la pleine mesure de ses capacités. Imaginez tomber sur un bâton de dynamite sans réaliser de quoi il s’agit—le récit semble de prime abord être tout aussi bien fuselé et resserré. Nous sommes à Mexico City en 1975, le narrateur se nomme Juan García Madero, aspirant poète et bad boy. Les ennuis le rattrapent enfin lorsqu’il rencontre les Réalistes viscéraux, groupe ayant à sa tête Arturo Belano et Ulises Lima, alter egos respectifs de Bolaño et de son ami Mario Santiago. Un événement dramatique impliquant un proxénète et une battue du désert à la recherche d’un poète disparu déclenchent le compte à rebours de la narration typique allant du point A au point B puis C. Lorsque la bombe explose, tout le roman part en vrille avec elle. À la narration à la première personne assumée par Madero font suite 400 pages de nouveaux narrateurs, sortes d’éclats d’obus tombant tranquillement du ciel et s’éparpillant autour du globe au cours des décennies suivant la catastrophe. L’énergie et la conviction de la jeunesse s’éteignent à petit feu, au fil des rêves déchus et des amitiés qui s’étiolent dans le silence. Le hasard s’empare d’une vie bien mieux qu’aucune prose, fût-elle riche, ne peut le faire.

Le modèle porte blouson Wacko Maria, t-shirt Martine Rose et sac messager Polythene* Optics.

Le modèle porte blouson Wacko Maria, pantalons Off-White et baskets Balenciaga.
ego trip's Book of Rap Lists
ego trip’s Book of Rap Lists est l’équivalent du grenier de votre grand-mère pour tout ce qui a trait à l’histoire du hip-hop. Comme la couverture du livre le laisse entrevoir, ce recueil d’archives du magazine rap à l’existence de courte durée est un monde à part entier, regorgeant de documents éphémères, futilités et savoirs divers. Irrévérencieuses et informatives, ces listes couvrent les salles classiques, les démos, les sections de Mobb Deep coupées au montage, les paroles portant sur les seins, les anecdotes de Greg Mack, directeur de programme de la prestigieuse station de radio de L.A. KDAY. À 13 ou 14 ans, lorsque je l’ai ramené pour la première fois chez moi, après l’avoir acheté dans un Borders en banlieue de Pittsburgh, ce livre m’a fait profondément réfléchir au hip-hop et, plus crucialement encore, à la question raciale. Avant même d’ouvrir l’ouvrage, on est confronté au point de vue infléchi de la quatrième de couverture, dont la mention: «ego trip’s Book of Rap Lists est plus populaire que le racisme! Les noirs et blancs sont tous d’accord» précède le babillage habituel des critiques et célébrités. (Le livre comprend aussi un chapitre intitulé «Race.») Si l’on s’intéresse uniquement au sens des paroles, il devrait être possible d’être un fan blanc de hip-hop sans trop s’interroger par rapport à ce qu’une telle étiquette veut dire—après la lecture de ce livre comme source primaire (et celle des forums Okayplayer), c’était simplement impossible.
Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais imaginé rencontrer un jour les créateurs de cette mine d’or. À ce jour, j’ai pu connaître ces gens ou échanger des courriels, voire collaborer étroitement avec chacun d’entre eux : Sacha Jenkins, Elliott Wilson, Chairman Mao, Gabriel Alvarez, Brent Rollins. J’ai parcouru la ville de L.A. en voiture avec Brett avant une séance photo en écoutant ses histoires. C’est lui qui a conçu le design du logo de Boyz N the Hood et du Book of Rap Lists en entier—et il était là, à s’adresser uniquement à moi dans une berline climatisée, à portée de vue du signe d’Hollywood. Quand Prodigy est mort, j’ai révisé l’obituaire de Gabriel en mémoire du MC de Queens. Noah Callahan-Bever, Rob Kenner et Dave Bry (RIP) —trois auteurs incroyables qui sont remerciés dans l’intro—ont tous joué un rôle important dans ma vie. À treize ans, je n’aurais jamais cru qu’il serait possible d’aimer encore plus le hip-hop ; c’est pourtant le cas, maintenant que le hip-hop fait partie de ma famille.

Le modèle porte manteau Burberry, polo Thom Browne et foulard Burberry.
Times Square Red, Times Square Blue de Samuel R. Delany
Times Square Red, Times Square Blue est un récit autobiographique et argumentaire théorique en faveur de contacts productifs entre membres de différentes classes sociales, une réponse au mode de capitalisme actuel. Le problème étant que le capitalisme travaille à «l’érosion des pratiques sociales via lesquelles ont lieu les communications entre les classes mais également , à celle des institutions qui soutiennent ces pratiques.» Le livre est inspiré des expériences de Delany dans les cinémas pornos du Times Square des années 70, 80, et 90, endroits fréquentés par des hommes homosexuels en quête de sexe, discussions et refuge. Hochant de la tête sous la douce lumière du projecteur de Vanessa del Rio, Delany et les autres spectateurs goûtaient à la compagnie des uns et des autres et tissaient des liens improbables, voire impossibles à établir en d’autres lieux.
Avec une tendresse et une grande sagesse discursive face au sexe et au désir, Blue fait le récit de rencontres de Delany avec des escrocs, vendeurs de drogue non-assumés, travailleurs de la construction, drag queens, intervenants sociaux, aspirants étudiants, new-yorkais sans abri ou invalidés occupant les sièges en bois bruns. Des hommes devenus, dans bien des cas, des amis de longue date que Delany a parfois aidés à avancer dans leur cursus scolaire ou leur carrière— le temps passé là a nourri Delanay à plusieurs égards, enrichissant sa vie amoureuse, sociale et professionnelle. Les cinémas porno ont fait de lui un citoyen.
Jesus' Son de Denis Johnson
Omettre ce livre équivaudrait à mentir, à l’instar d’un personnage malhonnête de comédie des mœurs essayant trop fort de masquer un passé mutuel.Jesus’ Son est fréquemment mis au programme des cours de création littéraire du baccalauréat—l’ouvrage est court, la voix directe, beaucoup de drogues. Jeff Martin, mon premier professeur de fiction au collège l’avait assigné et je l’avais lu à peu près d’une traite, assis à une table deux places dans un Panera Bread regardant la Fifth Avenue à Pittsburgh. Le style d’écriture me forçait par moments à poser le livre pour laisser mon cerveau amortir le choc, donc je me souviens nettement avoir entendu la chanson «Age of Consent» de New Order résonner depuis les hauts parleurs de la chaîne de restauration rapide; à un moment, j’avais aussi commandé un bagel au fromage à la crème affreusement sucré. C’est là mon récit des origines.
Le roman de Johnson revêt d’une grâce étonnante l’héroïne et le petit univers de perdant et de ferrailles du narrateur sans nom. On a envie de le piller, ce qui fait partie du génie du livre: donner l’impression au lecteur qu’il pourrait l’avoir écrit lui-même. (Transcrivez vos mésaventures de drogue, rassemblez vos nouvelles afin qu’elles aient l’allure d’un roman et faites ressortir des paragraphes simples et courts en plaçant un élément de surprise au milieu ou à la fin, pour relever un peu le tout.) Sauf que bien entendu, le livre est plus futé que vous; dès la conclusion du premier chef-d’œuvre qu’il recèle, «Car Crash While Hitchhiking», il vous met explicitement en garde contre la tentation de prendre ses énigmatiques rouages pour un manuel d’instruction : «Et vous, gens ridicules, vous vous attendez à ce que je vous vienne en aide.» Heureusement, personne ne le prend au mot et nous continuons tous à tenter le coup.

Le modèle porte blouson Calvin Klein 205W39NYC.

Le modèle porte blouson Calvin Klein 205W39NYC.
John Henry Days de Colson Whitehead
Laissée aux soins d’un ancien collègue, mon initiation aux «médias» impliquait des drogues et une salle de bain. Lire John Henry Days, satire du l’univers frénétique des pigistes, aurait tout aussi bien fait l’affaire. Beaucoup de choses ont changé depuis que Whitehead a couché sur papier son expérience à The Village Voice, où il a fait ses débuts en tant qu’assistant d’édition du rédacteur pour la télévision—mais tellement de choses sont restées les mêmes. Depuis la chasse au reçu de caisse à l’aéroport sur laquelle s’ouvre le roman à la description succincte des quatre types de contenu vide générés par les magazines, John Henry Days n’est pas à blâmer pour les années démoralisantes de bouleversements de l’industrie et le dégueulis technologique ayant succédés à sa publication—même si tous ceux qui travaillent dans les médias le sont certainement.
Notre héros J. Sutter est un accro à la procrastination, aux bars ouverts et à «l’éclat écarlate et nourricier de la lampe chauffante sur une côte de bœuf »; on l’aperçoit aussi bien à la première de films kitsch qu’à des lancements littéraires. Il couvre donc la culture pop, seul poste allant de pair avec les habitudes énumérées. Le dernier mandat de Sutter le mène de Fort Greene, son lieu de résidence, à Brooklyn en passant par Talcott, dans l’état de la Virginie-Occidentale, à l’occasion du dévoilement d’un timbre postal à l’effigie de John Henry—en découlent des péripéties d’une ironie destructrice.
Whitehead, qui était âgé de 31 ans au moment de la publication du roman, effectue un va-et-vient entre Sutter et le «vrai» John Henry, intercalant dans le texte des représentations du personnage à travers les époques ainsi que dans des chansons populaires, une production de Broadway et ailleurs. La critique s’est principalement intéressée au récit du mythe d’Henry, préfiguration de l’imaginaire façonné par Whitehead dans The Underground Railroad, mais c’est le cheminement de Sutter, sous le signe des voyages d’affaires et des dates butoir, qui a la plus grande portée. (La digression mettant en scène du contenu en retard, une virée dans une bodega et quelques démons des paradis artificiels est parfaite.) Même si le tarif de 2$ par mot relève de la légende encore de nos jours.

En vedette dans cette image : baskets Raf Simons.

Le modèle porte blouson Haider Ackermann, t-shirt Raf Simons, jeans Gucci et collier Martine Ali.
Close to the Knives de David Wojnarowicz
La colère est peut-être l’une des émotions les plus difficiles à soutenir à l’échelle d’un livre entier. Il ne semble pas être question de raviver ce sentiment à chaque séance d’écriture—il faut vivre dans un état de rage constant. David Wojnarowicz était déjà mourant lorsqu’il a rédigé ses mémoires. Diagnostiqué comme porteur du sida en 1988, il consacre les dernières années de sa vie à la création artistique à partir de mediums variés, écrivant, entretenant (ou démantelant) ses relations et luttant contre les homophobes de droite et leurs tentatives de couper dans le financement ou de censurer ses œuvres et ceux de ses pairs. Publié en 1991, soit un an avant son décès à l’âge de 37 ans, Close to the Knives est un récit autobiographique fragmenté, hallucinatoire, né des circonstances brutales entourant l’enfance de Wojnarowicz: abusé au sein de sa famille nucléaire, il quitte le New Jersey et vit dans les rues de Manhattan, se livrant au commerce du sexe en tant que mineur pour survivre.
Close to the Knives est un livre de la colère, qui ne laisse toutefois pas de côté les autres moteurs de la vie extraordinaire de Wojnarowicz. (Parue en 2013, sa biographie écrite par Cynthia Carr,Fire in the Belly dresse un portrait capital et dévastateur de la scène culturelle du East Village des années 80). Inspirées de la Beat Generation, ses réminiscences sexuelles se déroulant sur les quais délabrés de la rivière Hudson ou dans les arrêts routiers durant une traversée du pays en voiture sont d’une sensualité indéniable. L’émerveillement et la pulsion de vie percent au travers des souillures du New York de Wojnarowicz: «Lorsque la soirée était propice, chacune des parois de verre des cabines téléphoniques en partant d’ici jusqu’à south street disparaissaient sous des pluies de lumière. On dormait bien après une nuit de ça, dans une quelconque voiture abandonnée une chaufferie sur un toit ou chez une drag queen esseulée.» Ce livre est immanquablement vivant.
Sa description du sida traduit néanmoins une urgence extrême: «Donc je regarde cette chose se déplacer dans mon environnement, parmi des amis et étrangers: elle est invisible, abstraite et effrayante; une sorte de version infernale du jeu de points à relier, en moins simple que l’enfer.» En temps de crise, il y a des leçons de persévérance et des moyens d’actions inestimables à puiser dans la littérature de l’activisme contre le sida et des luttes de classes.

Le modèle porte pull à capuche Off-White, pantalon Carhartt Work In Progress, baskets Converse et chapeau Acne Studios.
Out of the Vinyl Deeps d’Ellen Willis
Un samedi d’avril 2011 à 10h a.m., une poignée de proches, amis, fans et aspirants écrivains se rassemblent dans un auditorium non loin de Washington Square Park afin de passer la journée à étudier et admirer la vie et l’œuvre d’Ellen Willis, première à avoir occupé le poste de critique de musique populaire au The New Yorker de 1968 à 1975. Elle est l’auteure d’essais fondateurs sur Bob Dylan, Woodstock, Janis Joplin et son Velvet Underground chéri, tous marqués par son regard pénétrant sur la politique et son intolérance pour les demi-mesures.Centré sur ses écrits musicaux, Out of the Vinyl Deeps était à l’époque le seul recueil imprimé des œuvres de Willis—le symposium ayant été organisé au moment de sa parution. Grâce aux efforts de sa fille, Nona Willis Aronowitz, le legs de Willis a été redynamisé au courant de la dernière décennie. Chaque réimpression a le potentiel de sensibiliser de nouveaux auteurs quant aux possibilités offertes par la critique, le féminisme, le sexe et la musique pop. (Difficile de concocter un mélange plus visionnaire, non?) The Essential Ellen Willis, recueil plus étendu de ses écrits, a été publié trois ans plus tard. Un seul de ces livres contient toutefois une photo de Willis, sa courte chevelure frisée ne parvenant pas à camoufler son imposant casque d’écoute, elle-même dansant devant le miroir de son appartement de Greenwich Village dans les années 1980, yeux clos, béate. J’étais présent dans la salle ce jour-là en 2011, environ quatre mois après le début de ma «carrière» à titre de «journaliste musical,» et je n’avais pas la moindre idée de tout ça. En toute honnêteté, j’étais surtout excité de voir Alex Ross et Robert Christgau—deux critiques que j’apprécie toujours ; mais en regard des femmes figurant au programme—Ann Powers, Daphne Brooks et Joan Morgan, pour n’en nommer que quelques-unes— mon excitation trahissait surtout mes propres lacunes. Comme tant d’autres, Ellen Willis m’a sauvé. L’anxiété, le plaisir charnel, les droits liés à la procréation, la remise en cause du féminisme blanc, la manière d’opposer son féminisme à l’art misogyne, Willis prend tout de front. Votre fil d’actualité Twitter, elle y mettrait le feu.
Ross Scarano est un auteur, rédacteur et rédacteur en chef chez Billboard.
- Texte: Ross Scarano
- Photographie: Othello Grey
- Stylisme: Romany Wiliams
- Production: Alexandra Zbikowski
- Assistance à la production: Erika Robichaud-Martel
- Assistant photographe: Devon Corman
- Coiffure et maquillage: Carole Méthot
- Modèle: Fox / Elite
- Traduction: Marie Champoux