Fabriqué en Corée: l’édition 한국 automne-hiver 2020

J’ai attaché le «kee» de mon nom à l’adjectif «keen» (qui signifie passionné). C’est un nom que j’avais utilisé dans un travail de mise en marché à l’université. Je trouvais que c’était le mot qui reflétait le mieux, à l’époque, mes valeurs mondiales. Je n’avais pas l’intention de choisir un nom qui sonne comme le mot «kinky», mais c’est peut-être le destin.

Les vêtements pour hommes peuvent être ordinaires ou ennuyeux, et j’ai envie de m’éloigner un peu de ça, tout en restant accessible. Il est important pour moi de promouvoir la diversité et la fluidité des genres.

J’étais obsédé par le numéro 2020. Il me paraissait tellement futuriste. Quand j’étais petit et que je pensais à l’avenir, j’imaginais des objets et des structures lisses et ovales. Les couleurs et les motifs de cette saison sont inspirés de cette vision.

Le col roulé à rayures multicolores. Le processus de fabrication des rayures est assez compliqué, mais amusant. Je trouvais n’importe quelle image sur internet et réorganisais ses pixels à l’aide de codage informatique. Les informations de l’image restent les mêmes, mais les modules nouvellement programmés forment un motif abstrait. J’utilisais déjà cette méthode de conception, et elle demeurera l’une des signatures de la marque.

Je m’apprête à déménager mon studio de New York à Séoul pour être avec ma femme. Séoul a des capacités de production incroyables, alors je suis très heureux. J’aimerais que la marque devienne universelle et plus largement acceptée, plutôt que toujours considérée comme unique. Et j’espère aussi un jour créer des vêtements pour femmes.

Ça pourrait être interprété littéralement. Post Archive Faction fait référence à un groupe qui crée et représente ce qui deviendra les archives du futur. Lorsqu’un élément fait partie d’une archive, ça signifie qu’il a suffisamment de valeur pour être transmis à travers le temps. On veut fabriquer des vêtements qui pourront avoir de la valeur pour les générations futures, dans 10, 20 ans.

On divise notre marque en trois collections: Right, Left et Center. Right est notre «modèle fondamental», proposant des pièces commerciales comme des t-shirts imprimés. Left est notre «modèle radical», avec des pièces plus expérimentales. Center est notre «modèle-pont», et contient des éléments reliant Right et Left pour qu’en résulte une marque cohésive et entière. Notre mission est de maintenir cet équilibre, à l’instar du système d’équilibre des pouvoirs des partis politiques.

Au milieu du processus de conception de la collection, on m’a offert en cadeau le livre Accident, de l’architecte Andrew Zago. C’est une compilation de photos de toutes sortes d’accidents. Les accidents ne sont pas intentionnels, mais on voulait exprimer intentionnellement l’apparence des accidents dans nos vêtements. Durant la phase de prototypage de la collection 3.1, il s’est aussi produit de réels accidents qui ont donné lieu à nos créations les plus amusantes.

Ma pièce préférée est le manteau 3.1 Down Left. On a imité une explosion en utilisant un tissu extensible qui resserre et comprime le rembourrage.

Pour nous, maintenir l’équilibre entre nos trois collections est une question de survie. L’équilibre est la seule façon pour nous de durer en tant que marque. L’an prochain, on va collaborer avec un grand designer, et on souhaite faire davantage de collaborations locales à l’avenir, en particulier des trucs comme des installations artistiques.

Kim est mon nom de famille, et j’aime le français, d’où le mot «matin». Sans plus.

On est justement en train de déterminer tout ça. Quand je postulais dans des écoles de mode à Berlin, l’une des questions les plus difficiles qui m’étaient toujours posées était: «Quel est le concept de ton portfolio?» Eh bien, je ne sais pas. Je ne fais que rassembler des choses que j’aime; je ne veux pas attacher d’histoire artificielle à ce qu’on fait.

Notre objectif principal est de créer des vêtements cool et chics qui pourraient être portés n’importe où, n’importe quand. On veut éliminer les détails inutiles et voyants pour un look minimaliste, urbain et naturel. Une approche très influencée par mon séjour en Allemagne, qui relève davantage de l’état d’esprit que d’un simple sens du style.

Notre première collection est exclusive à SSENSE. Ma pièce préférée est le manteau Shell, dont les plis en suède sur le côté ajoutent un contraste de texture intéressant. J’aime aussi la robe débardeur, car c’est notre première robe maxi aussi sophistiquée.

On a récemment ouvert House, notre salle de montre phare à Séoul. À l’avenir, on prévoit continuer de considérer les commentaires de nos clients sur les réseaux sociaux, car on croit qu’il est crucial de comprendre ce qu’ils veulent. On a également pas mal de clients masculins qui achètent chez nous parce qu’on offre beaucoup de vêtements surdimensionnés, donc on aimerait s’attaquer un jour à la mode masculine.

Quand je nommais la marque, j’écoutais Hollywood, de Madonna, et les paroles «Push the button, don't push the button» (pousse le bouton, ne pousse pas le bouton) me sont restées coincées dans la tête. Le nom de la marque a d’abord été «Push the Button».

Notre mission est de maintenir un sentiment de joie dans tout ce qu’on fait. La joie peut signifier littéralement rire et s’amuser, mais également faire référence à l’excitation et au sens du devoir que je ressens en créant une collection. Chaque fois qu’on termine une tâche, je me demande toujours: «Est-ce que je me suis amusé?» C’est devenu la devise de notre marque.

Les gens voient notre marque comme étant excentrique et colorée. On voulait rompre avec cette image et créer une collection qui dégageait une plus grande maturité.

C’est de loin le short-jupe argenté. En fait, on l’a conçu pour être une pièce maîtresse de la semaine de la mode de Londres, mais elle a beaucoup plu à SSENSE et est devenue un article exclusif constant.

Le plus important pour nous, c’est de ne pas vieillir. On veut toujours s’efforcer de rester jeunes.

Andersson est l’un des noms de famille les plus courants en Suède. La plupart des gens lisent «and-er-son», mais le double S se prononce en fait «and-er-shong». Je trouvais simplement que le nom capturait l’essence de la Suède. «Bell» réfère littéralement à une cloche qui sonne, et fait référence aux cloches traditionnelles qu’on voit dans les temples coréens. Je voulais combiner en une seule expression ces deux éléments culturels totalement différents.

Tout comme notre marque juxtapose la Suède et la Corée, notre ADN est d’exprimer un contraste dans tout ce que nous faisons. Lorsque j’ai visité la Suède pour la première fois, à la fin de ma vingtaine, j’ai été tellement marqué et fasciné par le pays et sa culture. Le design scandinave a sa propre identité unique, même au sein de l’Europe, et il me semblait totalement différent de la culture coréenne. L’objectif d’Andersson Bell est de surveiller et d’exprimer ces contrastes dans nos collections.

Tout a commencé avec l’une de mes musiciennes préférées, Janice Joplin. Elle a donné un concert au Monterey Pop Festival de Californie, en 1967. Notre collection automne-hiver 2020 réunit l’esthétique hippie de l’époque avec des thèmes coréens. On pourrait dire que la culture hippie est tout le contraire de la culture asiatique, donc c’était un contraste intéressant à conceptualiser.

Pour les femmes, j’aime le blouson à chevrons Berlin pour son amusant design asymétrique. On l’a échantillonné plusieurs fois avant d’arriver au produit final, donc j’y suis très attaché. Chez les hommes, j’aime aussi notre pull à capuche Contrasting Seoul; mon pull à capuche Andersson Bell préféré jusqu’à présent.

Notre espoir est que la marque continue d’explorer et d’exprimer des contrastes intéressants et de créer quelque chose qu’on ne trouverait nulle part ailleurs. Notre autre mission est de toujours favoriser le développement de nos usines partenaires locales. On doit non seulement grandir en tant que marque, mais aussi soutenir la croissance de nos partenaires de production afin d’avancer tous ensemble.