Montée en lacets

Découvrez les chaussures qui ont émergé de l’underground musical

  • Photographie: Brent Goldsmith
  • Stylisme: Samuel Fournier

Les creepers à semelle épaisse sont apparus à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais il a fallu attendre l’avènement des élégants Teddy Boys des années cinquante et des punks anglais des années soixante-dix pour que ces chaussures deviennent indissociables des sous-cultures musicales. L’imprésario du punk londonien Malcolm McLaren les vendait dans sa boutique de Kings Road aux côtés d’une autre pièce-culte, le pantalon bondage. Ces détails stylistiques distinguaient l’école britannique du punk de sa contrepartie new-yorkaise, et des fans du monde entier faisaient leur pèlerinage à West London pour se procurer une paire de creepers. Le skateboardeur légendaire Steve Caballero a un jour avoué au magazine Vice que l’achat de creepers sur Kings Road était une priorité lors de son premier voyage à Londres dans les années quatre-vingt. « Tous les groupes punk en portaient... c’étaient les chaussures parfaites pour moi, parce qu’elles me faisaient paraître plus grand. »

Quelques décennies plus tard, des icônes pop comme Rihanna se reposent toujours sur la semelle double épaisseur pour rehausser leur look. Le derby à lacets classique, devenu synonyme d’élégance et de raffinement, a aussi fait son chemin dans la culture populaire. Le derby se distingue du richelieu par son laçage ouvert. Bien que plus décontracté que ce dernier, il est prisé par les musiciens qui veulent paraître élégants sans être guindés lors de cérémonies de remises de prix.

Cette saison, jeunes créateurs comme grandes maisons tirent parti de l’infinie polyvalence de la chaussure à lacets noire. Certaines versions, comme les derbys épurés de Pierre Hardy, modernisent un classique intemporel en y ajoutant une semelle plate-forme. D’autres derbys à plate-forme, ceux d’Alexander McQueen, prennent une allure plus punk avec un bout clouté, et AMI présente une chaussure hybride associant l’empeigne du derby à la semelle du creeper.

Bien avant que David Bowie nous ait invité à enfiler nos plus belles chaussures (“Put on your red shoes and dance”), la culture musicale – que ce soit dans ses styles vestimentaires ou carrément dans les paroles des chansons – a toujours fait une fixation sur les chaussures. Beyoncé marche en conquérante dans ses chaussures neuves (“Cause I'm walking in new shoes now”), A$AP Rocky espère que les paparazzi ne le surprendront pas mal chaussé (“Wanna show me in my good shoes”), Johnny Cash refuse obstinément de se séparer de ses savates de rockeur (“Do anything but don't ask that I hang up my rock and roll shoes”), et Soulja Boy ne pense qu’à fumer des joints et acheter des pompes ( ”I just wanna smoke weed and buy shoes”). Nous vous présentons les chaussures à lacets noires qui laisseront leur empreinte sur la saison à venir.

  • Photographie: Brent Goldsmith
  • Stylisme: Samuel Fournier