Margiela : un futur tout en transparence

La maison lance une basket transparente qui s’inspire du passé pour innover.

  • Text: Ben Perdue
  • Photography: Haw-lin Service

Qu’est-ce qui nous distingue des robots? Nos souvenirs? Ceux-ci pourraient bien être aussi faux que les images photoshopées défilant sur Instagram; implantés plutôt qu’expérimentés. Aujourd’hui, manipuler les médias sociaux pour se forger une vie est devenu une possibilité bien tangible. La réalité a dépassé la fiction. En 1982, dans le film Blade Runner, on empruntait de vieilles photos de famille pour duper les androïdes – des automates biogénétiques dénués de véritables souvenirs. Dans l’une des scènes marquantes du film, Deckard – interprété par Harrison Ford – numérise une photo 4x6 factice pour retrouver Zhora, une androïde fugitive qui travaille maintenant comme strip-teaseuse performant avec un faux serpent. La scène de sa « mort » est mémorable, non seulement à cause de sa spectaculaire chute au ralenti à travers une vitrine remplie de neige artificielle, mais surtout à cause de son manteau en plastique transparent. Porté par Zhora, celui-ci devient une véritable métaphore qui évoque un emballage laissant voir la marchandise conçue par l’homme. Quant à nous, non-androïdes, ce même vinyle est la réponse à notre désir de revêtir une seconde peau synthétique.

Avec un design faisant appel à toutes les matières imaginables – du plastique au feutre – la basket Future est la preuve vivante que la Maison Margiela a compris l’importance de l’aspect tactile des matériaux. L’organique et le synthétique comme le PVC s’allient pour créer des contrastes sensoriels improbables. Laine, revêtements fissurés et finis métallisés se conjuguent à des éléments plus traditionnels comme le cuir poli et le suède. Le modèle à tige haute dont il est question ici, avec ses panneaux minimalistes et son design épuré, est offert dans une teinte gris « fumé » transparent qui rappelle l’épais brouillard de smog voilant la ville de Los Angeles dans le chef-d’œuvre de Ridley Scott. On lui trouve toutefois aussi un chaleureux esprit rétro qui se manifeste à travers un luxueux fini ultra-lustré, si luisant qu’on le croirait presque mouillé. C’est donc en puisant dans le meilleur d’hier et d’aujourd’hui que Margiela a donné naissance à cette basket qui porte si bien son nom : Future.

  • Text: Ben Perdue
  • Photography: Haw-lin Service